Ces débats ont rebondi au cours des années 1990 avec notamment le livre d'Annie Jourdan (La Révolution, une exception française ?, 2004) qui serait une réponse au colloque « la République, une exception française », dirigé par Michel Vovelle à l’Université Paris-I en 1992. Dès lors, la rupture avec l’ordre naturel et/ou avec l’ordre divin, pour ne laisser place qu’à des constructions politiques théoriques, serait la cause de tous les « dérapages » et « excès » de la période de la Terreur. La dernière modification de cette page a été faite le 15 avril 2017 à 23:52. Jean-Francois Jacouty (Université de Montpelliers III). Parmi les réponses globales de l’école jacobine à l’émergence du courant révisionniste : L'école jacobine s'attache également à préciser sa pensée sur des points précis. Ce courant considère la période 1793-1794 comme un approfondissement, populaire et social, de la Révolution de 1789. Les causes de la Révolution française. Pourtant, le rôle des femmes dans la Révolution a été diversement apprécié par les historiens. L'héritage revient au fils aîné par le droit d'aînesse, les cadets se contenteront de recommandations, pour l'armée ou l'Eglise. L'avocat Lairtullier publie en 1840 un fort ouvrage sur les « femmes célèbres » qui devient une source constante pour les études ultérieures. » La question porte aussi sur une éventuelle autonomie a priori (la Terreur vue comme un projet politique volontaire de rupture ?). Ainsi doit-on citer des figures célèbres d'intellectuelles telles Olympe de Gouges, ou Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt, toutes deux féministes avant l'heure, et anti-esclavagiste pour la première. En conclusion, le résultat direct de la Révolution française est l’abolition de la monarchie absolue ainsi que la disparition de la société d’ordres et des privilèges féodaux de … Directeur de l'Institut d'Histoire de la Révolution française, de 2000 à 2008, il s'est démarqué des « écoles » précédentes, étant proche à certains égards des travaux de D.M.G. … on aimerait vous dire un dernier mot. Les aristocrates de cour, passant le plus clair de leur existence à Versailles, encaissaient les revenus de terres où ils se rendaient rarement. Ainsi privé d'héritage, Talleyrand surprendra ses pairs à la Constituante, en votant non seulement l'abolition des privilèges, mais aussi en se prononçant pour la confiscation des biens de l'Eglise. Il convient aussi de rappeler que la mémoire nationale a toujours été favorable à la diffusion des images « contre-révolutionnaires » telles que la majorité des films consacrés à la période le réalisaient. The Musée de la Révolution française (Museum of the French Revolution) is a departmental museum in the French town of Vizille, 15 kilometres (9.3 mi) south of Grenoble on the Route Napoléon.It is the only museum in the world dedicated to the French Revolution. Annie Jourdan insiste notamment sur le lien avec les révolutions bataves de 1783-1787 et la révolution brabançonne de 1787-1789[14]. Pour l’historienne chinoise Zhou Lihong (université de Pékin), François Furet a cherché à créer « une légitimité alternative » à celle de l’école classique de l’université Paris-I en s'appuyant sur l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS)[10]. Cette position fut vivement critiquée par Jules Michelet[5]. Yvonne Knibiehler et Marie-France Brive rompent ce silence en organisant un colloque international sur ce sujet à Toulouse au moment du bicentenaire de la Révolution. Image qui satisfaisait d'abord le courant contre-révolutionnaire largement responsable de la montée des antagonismes mais qui se faisait oublier ainsi depuis la fin du. La première (1789-1791), réalisée par les classes moyennes était rendue inévitable par la nécessité d'accorder les institutions politiques avec les réalités sociales du XIXe siècle (l'apparition de la bourgeoisie, capable de diriger l'État mais globalement écartée du pouvoir). L'historiographie républicaine connaît un grand développement à travers une floraison d'ouvrages notamment publiés juste avant la révolution de 1848. C'est dans un esprit profondément misogyne, que les Goncourt dressent des portraits acides des femmes de la période. L'historien républicain Edgar Quinet adopte une position critique face à la Terreur qui reste originale au sein de son courant de pensée (Le Christianisme et la Révolution française, 1845 ; La Révolution, 1865). Tous ne brillent pas par leur foi, le cardinal Louis de Rohan aura beau être le plus conservateur des députés du clergé aux états généraux, il est surtout connu pour ses débauches et pour son rôle dans la très trouble affaire du collier de la reine. Pour ce courant de pensée, la Révolution de 1789 a renversé l’organisation « naturelle » de la société (une société encadrée, hiérarchisée, enracinée par ses traditions) et/ou brisé l’antique lien existant entre le politique et la religion. L'auteur montre notamment que le combat ne fut pas entre un roi contre-révolutionnaire et Paris révolutionnaire, mais que les alliances, les stratégies comptèrent plus que les étendards utilisés. Jean-Daniel Piquet, « La déclaration constitutionnelle de paix à l'Europe, grand débat dans la Révolution française (1791-1794) », dans Monique Cubells (dir. vous aurez accès à l’intégralité des contenus mais aussi à un espace de débat premium, réservé à nos abonnés, Simone Bernard-Griffiths (université de Clermont-Ferrand). L'exemple emblématique serait Daniel Guérin, connu dans ce domaine pour son livre sur Bras nus et sans culottes. Elle n'était pas « inévitable » ou « nécessaire » et pouvait donc être stabilisée au stade d'un compromis réformiste (une, Concernant l'évolution de la Révolution de 1791 à 1793, François Furet soutient d'abord (, Pour autant, l'école révisionniste ne retient généralement pas l'idée que ce « dérapage », et notamment la période de la, Le colloque « Révolution française, révolution bourgeoise ? A commencer par le plus long, la guerre de Cent Ans, qui opposait la loi misogyne des Capétiens français, tenant pour légitime héritier Philippe de Valois, cousin mâle du dernier Capet, à la logique d'une succession en ligne directe, revendiquée par le roi Edouard III d'Angleterre, fils d'Isabelle de France et petit-fils de Philippe le Bel. Sans oublier la division du territoire en 83 départements. Ce courant aurait deux sources distinctes : Les principales expressions françaises de ce courant sont : La première critique implicite de ce courant concerne l’historiographie classique de la Révolution française, accusée dans les années 1960 de former un « système » institutionnalisé, organisé, voire fermé, au service de la défense d’une thèse. Christine Colaruotolo (interlocutrice Académique, lycée Marseilleveyre). Plus tard, Jean-Paul Bertaud, auteur notamment d'un livre consacré à l'armée révolutionnaire et à de nombreux travaux sur cette question (dont Valmy) a illustré ce courant, mal représenté depuis institutionnellement. Globalement, l'école fataliste libérale insiste sur la césure entre 1789 et 1793, et se méfie grandement de l'irruption du peuple dans l'histoire en 1793. L'abbé Grégoire, portant aux états généraux le cahier de doléances des juifs de Metz, note que ceux-là sont toujours assujettis à une taxe accordée par le régent Philippe d'Orléans au duc de Brancas, pour lui permettre d'acquérir les terrains jouxtant son domaine de Saint-Cloud. Évolution et courants de l’historiographie, L’école révisionniste ou libérale, François Furet, « Les nouveaux historiens de la révolution : Mignet et Thiers, ont l'habileté de démonter les mécanismes, d'éclairer le phénomène aux lumières de la raison : alors le chaos s'ordonne et Satan se retire », « lève le complexe de culpabilité qui depuis la Terreur leur [les classes moyennes] faisait baisser la tête : les responsables de 89 s'étaient cru coupables de 93, ils savent désormais que la violence n'est plus leur faute mais celle de leurs adversaires : les privilégiés », « le bréviaire des révolutions libérales », « un procédé violent et rapide à l'aide duquel on a adapté l'état politique à l'état social, les faits aux idées, les lois aux mœurs », « un âge d'or de l'historiographie de la Révolution ». Fatalement, la violence devenait alors le résultat d'une révolution autodestructrice. Les "sans-jupons" deviennent des figures de l'histoire. Ses études sur les serments, 1969, sa direction du colloque de Chantilly sur la religion au moment de la Révolution dans l'Europe 1988, son tome X de l'histoire du Christianisme, en 1995, font de lui une référence majeure pour comprendre l'histoire de la Révolution dans des dimensions qui étaient considérées comme importantes à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Le surprenant évêque d'Autun, Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, qui se rallie au tiers état après le serment du Jeu de paume, n'a choisi le service de Dieu que par défaut. Se distingue également l'auteur sulfureux Hector Fleischmann, dévoilant les vies intimes des grands personnages. La Révolution française est la période de l'histoire de France comprise entre la convocation des États généraux en 1789 et le coup d'État du 18 brumaire (9-10 novembre 1799) de Napoléon Bonaparte. Le Dictionnaire critique de la Révolution française est un ouvrage consacré à la Révolution française, dirigé par Mona Ozouf et François Furet. Leurs adversaires répliquent que la Terreur atteint son apogée alors que les dangers pour la République sont passés, ce qui prouverait une autonomie au moins a posteriori du phénomène terroriste par rapport aux « circonstances. Philippe Boutry ou Dominique Julia peuvent être inscrits dans sa tradition. Simone de Beauvoir ne trouvait pas d'intérêt à cet aspect de la Révolution, en privilégiant, paradoxalement, son caractère universel. Les événements de 1989 permirent, dans un changement de contexte, que la mémoire fasse ainsi un retour sur elle-même ; ce qui profita un temps, mais un temps seulement, aux opposants véritablement contre-révolutionnaires. Un tournant majeur de l'historiographie de la Révolution française s'est produit avec la publication en 1965 de La Révolution française de François Furet et Denis Richet, donnant naissance sur la scène historiographique française à un courant appelé « révisionniste » ou « libéral » ou « néo-libéral »[15]. Sur le fond, le courant de la révision soutient notamment les idées suivantes : Son adversaire Michel Vovelle juge que « La Révolution française reprend dans cette nouvelle lecture une cohésion certaine (on est loin du dérapage), mais, hélas, ce n'est pas en bien puisqu'elle se trouve contenir en germe les dérives totalitaires du XXe siècle. Un parallèle accentué par la dénonciation d’un « génocide » réalisé par la République pendant les guerres de Vendée. L’An V de la révolution algérienne est un ouvrage de Frantz Fanon publié en 1959 aux éditions de François Maspero, réédité en 1966 sous le titre Sociologie d'une révolution.Ce recueil d'essais étudie la Guerre d’Algérie à travers différents points de vue et études sociologiques, comme la place de la médecine, des femmes ou encore de la radio dans la société franco-algérienne Jean-Clément Martin (université Paris I-Panthéon-Sorbonne, directeur de l'IHRF). La situation était déjà fort éloignée de l'historiographie américaine, marquée dès 1975 par une recension importante de Jane Abray dans l’American Historical Review. Cliquez sur une vignette pour l’agrandir. En 1789, les Brancas perçoivent toujours ce revenu, accordé, comme des centaines d'autres, de manière arbitraire. Cet historien, auteur d'une thèse soutenue en 1937 avec G. Lefebvre, avait certes une sensibilité différente de Reinhard, mais comme lui, il possédait une indépendance une approche attentive aux faits et aux rapports de force. Séries TV : peut-on espérer un "The Crown" à la française ? Plusieurs historiens estiment que le bicentenaire de la Révolution française en 1989 a marqué « le triomphe » du courant de révision néo-libéral[18]. Terme notamment utilisé par son chef de file, Michel Vovelle, Sao Paulo, 1987 et Zhou Lihong, idem. Quelques siècles plus tard, Louis XIV jeta la France dans une guerre ruineuse et meurtrière, pour faire valoir les droits de son petit-fils Philippe, héritier par testament de la couronne d'Espagne. Il s'agit notamment de Alphonse de Lamartine (Histoire des Girondins, 1847), Jules Michelet (Histoire de la Révolution française, 1847-1853), de l'auteur socialiste démocrate Alphonse Esquiros (Charlotte Corday, 1840 ; Histoire des Montagnards, 1847), ou encore du socialiste démocrate Louis Blanc (Histoire de la Révolution française, 1847-1862). Le Dictionnaire critique de la Révolution française est un ouvrage consacré à la Révolution française, dirigé par Mona Ozouf et François Furet.Il se divise en cinq chapitres : « Événements », « Acteurs », « Institutions et créations », « Idées », et « Interprètes et historiens ». Ainsi celui de Madame Roland était fréquenté par des révolutionnaires tels que Brissot, Pétion, ou Robespierre. La dernière modification de cette page a été faite le 30 mai 2020 à 06:26. Pour l’école contre-révolutionnaire, les principes de 1789, par leur abstraction et leur refus de morale divine transcendante, contiennent déjà en germe la Terreur. La « glorieuse révolution » anglaise de 1688, la révolution américaine et la révolution française de 1789 sont en partie la conséquence concrète des réflexions libérales sur le plan politique. Les manifestations publiques du bicentenaire de la Révolution inspirées par la place des femmes auraient dû attirer davantage l'attention. Une petite cohorte s'est constituée bon an mal an autour de Dominique Godineau, Arlette Farge, Nicole Pellegrin, Christine Fauré, mais aussi de Jean-Clément Martin, parmi d'autres. Ainsi l'anti-esclavagisme d'Olympe de Gouges avec ses mérites anticipateurs et ses limites quant à ses positions sur l'insurrection de Saint-Domingue ; les annonces nuptiales de femmes se refusant à épouser un planteur blanc. Louis Blanc considère que la Révolution de 1789 a favorisé la bourgeoisie mais que 1793 a libéré le peuple. votre soutien est précieux. Elle aura une influence majeure sur la pensée du XIXe siècle, tout en influençant la pensée libérale et ouvrant la voie à la Révolution de 1830[3]. L’historiographie de la Révolution française est un des domaines de l'historiographie française qui se caractérise par les controverses les plus vives et le développement d'écoles de pensées les plus structurées, avec notamment la naissance de revues spécialisées et de sociétés savantes. Les grandes familles princières et ducales comptent ainsi des évêques et des cardinaux, comme les Guises, les Bourbons, les Rohan. Elle reste une référence — ou parfois un contre modèle — pour la vie politique actuelle. Toute l’équipe Marianne vous remercie ! Mais, à côté de ces figures historiques, les femmes ordinaires, femmes du peuple, naturellement confrontées aux duretés de la vie quotidienne, ont été une des forces motrices de cette période révolutionnaire, comme en témoigne, par exemple, la Marche des femmes sur Versailles les 5 et 6 octobre 1789. Les historiens républicains assument pour leur part la période républicaine de la Révolution, voire la Terreur, regardées avec suspicion par le courant libéral. Les héritages de la Révolution française : ... pour l’héritage de la terre. L'école fataliste, de sensibilité libérale-conservatrice (Mignet, Adolphe Thiers, mais aussi par extension Guizot, Augustin Thierry), etc., domine la pensée sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire (soit de 1830 à 1870), malgré l'essor d'une historiographie républicaine à l'approche de la révolution de 1848. A l'intérieur du royaume, le caractère héréditaire de la monarchie, comme des privilèges de la noblesse et même des princes de l'Eglise, fut, en 1789, une des principales causes de la Révolution. L'historien libéral François-Auguste Mignet (1796-1884) est le premier à donner une signification sociale à la Révolution française (Histoire de la Révolution française de 1789 jusqu'en 1814, 1824 : ouvrage dense et de synthèse). Ce courant est en accord avec le marxisme pour défendre « le présupposé d'une mutation nécessaire (de la France), fondée sur le changement des structures sociales et des formes de production à la fin du, La révolution n'est pas le fruit de la lutte des classes entre une bourgeoisie libérale et une noblesse conservatrice. Le premier point a été relevé et discuté par Olivier Blanc[21]. La sensibilité dite républicaine avait toujours été choquée de la violence de 1793. Liste des entrées (sauf indication d'année de publication, toutes les entrées sont présentes dans l'édition d'origine de 1988), Dernière modification le 15 avril 2017, à 23:52, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Dictionnaire_critique_de_la_Révolution_française&oldid=136477229, licence Creative Commons attribution, partage dans les mêmes conditions, comment citer les auteurs et mentionner la licence, Préface (commune à tous les chapitres), écrite par, Révolution à Saint-Domingue (1992), écrit par, Histoire universitaire de la Révolution, écrit par. Ce courant est suspect et réprimé sous la Restauration. Au long des siècles monarchiques, les principes de transmission héréditaire n'ont cessé de plonger la France dans des conflits internes et externes. La vitalité de ce courant tient aux liens avec d'autres universitaires ancrés dans d'autres domaines (comme Christine Bard, Marie-Jo Bonnet) ou dans d'autres institutions (notamment l'ENS), et bien sûr à l'étranger. ». S'il y eut des tentations et des tentatives que ce soit au XIXe ou au XXe siècle, l'étude fine montre que les « chefs » d'école ont souvent été confrontés à des frondes internes et que leur leadership était contesté ailleurs. Dans ce champ précis, les historiennes et les historiens ne se bousculent pas. L'historiographie de la Révolution française est également enrichie de l'apport d'auteurs étrangers en raison du rayonnement européen du phénomène et de ses retombées universelles. Plus tard, en 1814-1815, ce furent les mémoires de Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein qui fondèrent une autre tradition historiographie durable. Polémique ? Terme notamment utilisé par l'universitaire chinoise Zhou Lihong. Cette école postule un certain déterminisme historique, dans l'enchaînement des faits, établissant que les Révolutions se produisent en réaction contre la réaction monarchique. Gratuit le 1er mois, Le goût de la vérité n’empêche pas de prendre parti, Petites indiscrétions / Grosses révélations. Dominique Godineau, Arlette Farge, Geneviève Fraisse et plus discrètement Marie-Erica Benabou avaient ouvert la voie en France, encadrée par l’Histoire des femmes dirigée par Georges Duby et Michelle Perrot.